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Château de Vilandry

Le château de Villandry est un ensemble entremêlant intimement architecture et jardins, situé à 15 km à l'ouest de Tours, dans le département français d'Indre-et-Loire, en région Centre-Val de Loire. Dernier des grands palais qui furent bâtis sur les bords de Loire au xvie siècle, le château de Villandry, apporte une touche finale aux recherches de la Première Renaissance française tout en annonçant les réalisations d'Ancy-le-Franc (Bourgogne) et d'Écouen (Île-de-France). Les jardins actuels du château de Villandry sont le fruit d'une reconstitution patiente effectuée dès 1906 par le docteur Joachim Carvallo à partir de planches et de textes anciens de l'architecte Jacques Androuet du Cerceau, traitant alors d'un jardin de la Renaissance typique du xvie siècle. Ce domaine occupe désormais une superficie de plus de six hectares agencés sur quatre niveaux de terrasses. L'ensemble du château et de ses jardins est inscrit dès le 12 avril 1927 à la liste des monuments historiques avant d'être classé définitivement le 4 septembre 1934. Le domaine fait désormais partie du patrimoine mondial de l'UNESCO.


 

Historique

Tout au long du Moyen Âge et jusqu'au début du xviie siècle, le domaine de Villandry s'appelle Coulombiers5 ou Colombiers et n'est autre que le siège d'une châtellenie relevant du château de Tours. Vivant vers 1080, Geoffroy le Roux, aussi seigneur de Cravant-les-Côteaux, est le premier seigneur de Colombiers qui nous soit connu, grâce notamment au mariage de sa fille Lisoye avec Hugues (II) d'Amboise, fils cadet d'Hugues Ier d'Amboise (né vers 1055, mort vers 1130), le seigneur le plus puissant de Touraine après le comte d'Anjou. Leur fille Agnès d'Amboise est la première femme d'Amaury VI de Montfort-Évreux, morte vers 1213 sans postérité. Vers 1200, la famille Savary détient Co(u)lombiers. Dans le contexte de la reconquête capétienne sur Jean sans Terre et les Plantagenêts, Philippe/Philibert Savary, puis son fils ou petit-fils Pierre II Savary de Colombiers, sont aussi investis de Montbazon (sans doute associé au Brandon) par Philippe Auguste, vers 1205. Les Savary de Montbazon et Villandry obtiennent de plus la seigneurie de Montsoreau vers 1230, par le mariage de Pierre. Villandry restera longtemps associé à la seigneurie de Montbazon, dont le maître à la mi-XIVe siècle, Renaud de Montbazon, croît en importance : il obtient Moncontour et Marnes, et il épouse une fille de la puissante Maison de Craon, Jeanne/Aléonor de Craon (~1330-~1385 ; fille de Maurice VI ou VII de Craon, petite-fille d'Amaury III de Craon et sœur cadette d'Isabeau de Craon). Leur fille Jeanne de Montbazon est par son père Renaud : dame de Montbazon, Colombiers/Villandry, Savonnières, du Brandon, Montsoreau, Moncontour, Marnes, et par l'héritage des Craon venu de sa mère Jeanne/Aléonor : dame de Sainte-Maure, Nouâtre, Pressigny, Ferrière et/ou Ferrière-Larçon, Verneuil, Châteauneuf, Jarnac. Elle épouse en 1372 son cousin Guillaume II de Craon, vicomte de Châteaudun et sire de Marcillac. Le château fort de Colombiers (Villandry) reste, à cette époque, typique des constructions réalisées par les seigneurs de village. Enrichi par la guerre et les fonctions (les services rendus), le seigneur de Co(u)lombiers possède alors davantage de moyens pour élever une construction prestigieuse, possédant une enceinte spéciale servant de refuge aux habitants des villages environnants8. Pour autant, la fonction première de cette forteresse et la volonté de ce pouvoir régional n'est pas de protéger la population mais bien de la dominer8. C'est pourquoi, ce château-fort du xiie siècle ne défend, en réalité, que le pouvoir du seigneur9. Englobé dans le nouvel édifice, le donjon médiéval surmonte les douves. Typique des fortifications qui se développeront surtout à partir de l’époque de Philippe-Auguste et de Richard Cœur-de-Lion (fin du xiie - début du xiiie siècle), le Villandry de ce Moyen Âge dit « classique » (xie – xiiie siècles), est déjà une affaire d’« ingénieurs ». Jusque-là, on cherchait à tirer le bénéfice de sites favorables tout en s'appuyant sur l’épaisseur des murs et la hauteur des courtines. Mais le progrès de la poliorcétique, la diffusion des machines de guerre et le développement de dispositifs de flanquement, amènent à l'élaboration d’une architecture militaire offensive. S'affranchissant ainsi de la dépendance d'un relief protecteur, les forteresses telle que Villandry peuvent désormais s’établir dans n’importe quel site y compris les plaines et permettre ainsi, par contrecoup, le développement d’une architecture nouvelle à caractère palatial. C'est dans cette forteresse médiévale de Villandry qu'eut lieu, le 4 juillet 1189, la « Paix de Colombiers »5, au cours de laquelle Henri II Plantagenêt, roi d'Angleterre, vint devant Philippe Auguste, roi de France, reconnaître sa défaite. Ce traité marque non seulement la conquête de la Touraine par le roi de France mais également une étape essentielle du triomphe de la monarchie capétienne sur les grands féodaux, au premier rang desquels les Plantagenêts, dont l'immense domaine français surnommé l'« Empire Plantagenêt » comprenait alors la Normandie, la Bretagne, le Maine, la Touraine, l'Anjou, le Poitou et l'Aquitaine. Dans la seconde partie du xive siècle, correspondant au Bas Moyen Âge, le domaine de Colombiers devint successivement, par mariage, la propriété de la famille de Craon, vicomtes de Châteaudun comme on l'a vu plus haut, puis celle de la famille de Chabot6 : en effet deux des filles de Guillaume II de Craon et Jeanne de Montbazon rencontrés plus haut, Marguerite et Marie de Craon, se partagent l'essentiel de leur héritage (une de leurs sœurs, Isabeau de Craon, se marie avec Guillaume Odart, seigneur de Verrière-en-Loudunois : voir ci-dessous) ; Marie de Craon obtient Villandry/Colombiers, Montsoreau, Marnes et Moncontour, Jarnac, Pressigny, Verneuil-sur-Indre, Ferrière(s)-sur-Beaulieu et/ou Ferrière-Larçon, et elle épouse vers 1404 Louis Ier Chabot de La Grève (~1370-~1422). Leur fils aîné Thibaud X Chabot de La Grève (~1404-1429) est seigneur de Villandry/Colombiers, La Grève, du Grand-Pressigny et Ferrière-Larçon, de Montsoreau et Moncontour, et d'Argenton par son mariage avec Brunissende d'Argenton en 1422 ; il rend hommage au roi pour Colombiers en mars 1423. Ses enfants Louis II Chabot de La Grève de Pressigny († vers 1480/1486), Jeanne Chabot de Montsoreau ou Catherine Chabot de Moncontour ont-ils Villandry ? Toujours est-il qu'on trouve ensuite Villandry aux mains de parents par alliance12 : Jean II de Châteaubriant des Roches-Baritaut en fait hommage au roi en décembre 1439 au nom de son fils mineur Théaud et de la femme de ce dernier, Françoise Odart fille de Louise de Loigny et de Pierre Odart, lui-même fils de Guillaume Odart de Verrière-en-Loudunois et d'Isabeau de Craon ci-dessus. En août 1473, hommage au roi par Navarrot d'Anglade (il achète Savonnières en 1476), mari en 1470 de Madeleine Chabot, troisième fille de Jeanne de Courcillon et de Louis II Chabot de La Grève de Pressigny ci-dessus. Mais fin XVe siècle, les descendants des Montbazon-Colombiers passent définitivement la main. C'est alors que subissant le sort de la plupart des édifices du Moyen Âge classique (xie – xiiie siècles), le château fort de Villandry se voit modifié une première fois après la guerre de Cent Ans dans une recherche nouvelle de confort et d'hygiène de vie. On assiste notamment à l'établissement de cheminées dans la plupart des pièces et au percement de la plupart des parois murales par de nombreuses fenêtres à meneaux. Ce renouveau artistique marqué par le développement du luxe et de l'apparat résulte non seulement de l'influence exercée par le mécénat des ducs de Bourgogne et du duc Jean de Berry au cours de la période du gothique international (1380-1420) mais plus particulièrement, pour le cas de Villandry, de l'impact provoqué par l'édification du tout proche château de Saumur voulu comme un « château d'amour » par le roi René : par des emprunts au vocabulaire architectural des édifices religieux13, la multiplication toute nouvelle des ornements de couronnement et le percement de nombreuses fenêtres dans les courtines de ce château fort, véhicule alors une notion inédite de luxe tandis que l'abondance des ouvertures et des motifs architecturaux participe à la féerie du château. Ce palais plein de magnificence va créer ainsi, par contre-coup, une véritable aura dans toute la région. Pour autant, si les seigneurs de Coulombiers furent influencés par cette réalisation prestigieuse, la pérennité d'un appareil militaire jugée nécessaire à Villandry, pour bien des raisons, dicta les travaux de l'époque, d'où une opposition entre le monde pleinement ouvert et aimable de la cour d'honneur à l'aspect fermé et rébarbatif des murs extérieurs du château. Il ne reste aujourd'hui de l'édifice médiéval que les fondations et le donjon du xiie siècle, modifié au xive siècle, que l'on peut encore deviner, englobé, dans l'une des ailes de la cour d'honneur

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