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Le château de Menars est un château situé en France sur la commune de Menars dans le département de Loir-et-Cher en région Centre-Val de Loire. Il se trouve plus précisément à 8 km au nord-est de Blois, sur la rive droite de la Loire. Construit aux xviie siècle et xviiie siècle, il fait l’objet d’un classement au titre des Monuments historiques depuis le 15 février 1949. Ce château est privé et il n'est pas ouvert à la visite.
Historique
Furent seigneurs de Ménars : Jean de Taillemont en 1506 ; puis Jean du Thier de Beauregard, † 1560, secrétaire d'État et contrôleur général des finances d'Henri II ; enfin Guillaume II Char(r)on vicomte ou comte de Ménars, seigneur des Hangonnières et de Noizieux. Sous Guillaume Char(r)on, le domaine rassemble terres et forêts en abondance et la maison seigneuriale prend l'allure d'une gentilhommière.
Vers 1646, Jacques Charon, IIe du nom, frère aîné de Guillaume, trésorier général de l'Extraordinaire des Guerres, conseiller d'État et gouverneur de Blois, fait bâtir à Ménars, sur un site superbe dominant la Loire acquis par son frère en septembre 1633, un château composé d'un corps de logis et de deux pavillons symétriques.
Son fils, Jean-Jacques Charron (1643-1718), président à mortier au Parlement de Paris et beau-frère de Colbert (époux en 1648 de la sœur de Jean-Jacques, Marie Charron de Ménars), l'hérite en 1669 de ses père et oncle ; il fait ajouter au château deux ailes inégales et agrandit considérablement le domaine que Louis XIV érige en marquisat en 1676.
Le roi de Pologne en exil Stanislas Leszczynski y séjourne en 1728-1732, alors qu'il est aussi doté de Chambord, à quelques km de là mais sur l'autre rive de la Loire, par son gendre Louis XV. Cependant, Ménars doit toujours appartenir à la famille Charron, puisque c'est elle qui semble le vendre 880 000 livres à la marquise de Pompadour, favorite de Louis XV.
En 1760 Ménars et son marquisat sont en effet acquis par Mme de Pompadour, qui charge l'architecte Ange-Jacques Gabriel de construire deux nouvelles ailes de part et d'autre des deux pavillons6, pour remplacer celles édifiées au xviie siècle.
Pour briser l'uniformité de la façade, Gabriel couvre ces deux ailes de toits plats « à l'italienne ». De chaque côté de la cour d'honneur, il bâtit en outre deux pavillons : le pavillon de l'Horloge à droite, qui renferme les cuisines, reliées au château par un souterrain, et le pavillon du Méridien à gauche, où se trouve la conciergerie. Il dirige également d'importants travaux d'aménagement intérieur.
En 1764, à la mort de la marquise, le domaine passe à son frère, Abel-François Poisson de Vandières, marquis de Marigny, directeur général des Bâtiments du roi ; de nouveaux travaux sont réalisés sous la direction de Jacques-Germain Soufflot, qui fait creuser une longue pièce d'eau en bas du parc, surnommée les bains Pompadour, ainsi qu'une grotte et une orangerie et une rotonde qui abrite une statue de déesse en marbre, en plus des dizaines de statues qui jalonnent les jardins (à part des bustes d'empereurs romains, toutes les statues ont été remplacées au xxe siècle). Côté cour, le corps de logis est doublé par un corps en rez-de-chaussée couvert "à l'italienne", tandis que les ailes édifiées par Gabriel sont dotées de combles dits « à la Française ».
À l'époque, le domaine dispose de 400 hectares de forêts, qui seront par la suite vendus mais qui forment toujours au xxie siècle un terrain de chasse.
xixe siècle
En 1804 Claude-Victor Perrin, maréchal d'Empire, fait duc de Bellune par Napoléon Ier, acquiert le château, qui a subi de multiples dégradations pendant la Révolution (le mobilier est dispersé) ; devenu ministre de la Guerre de Louis XVIII, il y donnera de somptueuses fêtes. Le Ier duc de Bellune vend le château de Ménars (Loir-et-Cher) à Louis Marie Joseph de Brigode et sa femme Émilie Pellapra, fille naturelle supposée de Napoléon Ier. Jeune et riche veuve en 1827, cette dernière s'allie au prince Joseph de Riquet de Caraman-Chimay en 1830. Le prince crée aux abords du château un établissement dénommé « Prytanée » ou école professionnelle qui vise à réunir des jeunes gens de conditions et de nationalités différentes pour leur donner une éducation commune. À cet effet, il fait bâtir un vaste établissement à l'Est de l'avant-cour (en partie conservé), ainsi qu'une petite usine à gaz pour fournir le gaz d'éclairage au collège ; il s'y serait ruiné. « Le « Prytanée » (est) remplacé en 1848 par l'École professionnelle du Centre que M. César Fichet a fondée à Ménars et dont il est le directeur. » « L'École professionnelle du Centre, précédemment appelée le Prytanée de Ménars, fondée à Ménars, près Blois, par M. Joseph de Chimay, et qui prépare aux écoles du gouvernement, forme les entrepreneurs, sous-ingénieurs, contre-maîtres, directeurs d'usine, de manufactures et d'ateliers. Cet établissement comprend trois grandes divisions : une institution où se donne l'enseignement complet des lycées ; une école du commerce et de l'agriculture et une école d'arts et métiers. ». L'école de Ménars, dénommée École professionnelle du Centre, sert de référence au ministre de l'Instruction publique Fortoul pour promouvoir en 1853 la création de l'École professionnelle du Nord à Lille, l'École professionnelle de l'Est à Mulhouse et de l'École professionnelle du Midi à Toulon. Cependant, en 1864, il n'y avait que dix élèves à Ménars.
Pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, le château est utilisé comme hôpital et les Prussiens arrivent jusqu'à ses grilles6. En 1871 le domaine échoit à leur fille Valentine de Caraman-Chimay, princesse Bauffremont puis princesse Georges Bibesco, qui ne peut le conserver : en 1879 il est saisi puis vendu aux enchères publiques à Louis-Joseph Watel.
Celui-ci, deux ans plus tard, lors de la vente des statues du parc, put acquérir deux grands vases de forme dite "Médicis", L'Automne et Le Printemps d'après Adam le Jeune, qui avaient été commandés en 1742 sur un dessin de Gabriel pour Louis XV ; ils restèrent en dépôt avant que le roi les offre en 1770 au marquis de Marigny.
xxe – xxie siècles
Le domaine est acquis en avril 1912 à la barre du tribunal civil de la Seine, pour 700 050 francs par Félix Allard, entrepreneur de travaux publics. Il prend possession de Ménars vidé de toutes ses richesses. Il réussit à lui redonner sa beauté première et le meuble des plus belles œuvres d'art des maîtres des xviiie et xixe siècles. Il modernise le confort : arrosage "automatique", chauffage à air chaud, éclairage à gaz puis à l'électricité, crée la grande galerie. Le château de Ménars avec ses 500 hectares s'autofinancera jusqu'à la fin de sa vie. Il remplace aussi certaines statues du parc6. Après son décès en juin 1935, sa femme Josette y résidera jusqu'à sa mort en septembre 1937. En 1939, ses filles Blanche Lasserre, Yvonne Arnodin et Jeanne Goirand, accablées par les charges6, vendront le château, le petit parc et l'île à la Compagnie de Saint-Gobain (qui avait fabriqué les glaces et les vitres du château), puis ultérieurement le grand parc. L'entreprise y installe son siège et, après la Seconde Guerre mondiale, un centre de formation. Des chambres et des salles de bains simples et contemporaines sont aménagées dans le château.
À la suite de la nationalisation de ce groupe au début du premier mandat présidentiel de François Mitterrand, le château (alors en mauvais état) et son parc de 50 hectares sont vendus pour 5 millions de francs en 1983 à une société détenue par l'homme d'affaires libano-américain Edmond Baysari, qui a fait fortune dans l'immobilier. Il est entre autres associé-gérant de la SCI Magna, créée en 2005 et domiciliée à Amboise (Indre-et-Loire). Ce mécène aurait consacré 100 millions d'euros en frais de restauration des bâtiments (quasiment invisibles de l'espace public : la vue sur la cour d'honneur et le corps de logis central est masquée par une rangée d'arbustes en caisse), du parc, et de réameublement des nombreuses pièces (des cuisines contemporaines sont construites, le bâtiment ancien est consolidé, le parc et l'orangerie entretenus, certains espaces sont transformés en centre de conférences, etc.). Il a toutefois rarement séjourné à Ménars et n'en a autorisé la visite que dans le cadre des Journées européennes du patrimoine annuelles. De grandes fêtes y sont parfois données et des personnalités comme Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev y viennent.
Sans héritiers directs, ayant confié la gérance du domaine à sa nièce Linda Salem, qui réside dans les environs, et en litige d'ordre fiscal avec l'État français, M. Baysari a fait connaître en 2015 son intention de le revendre « à condition que le repreneur poursuive l'œuvre de sauvegarde qu'il y a menée depuis trente ans ». Le château de 12 000 m² et de 62 pièces, avec son parc de 40 hectares, devrait être vendu aux enchères en janvier 2018.